La langue des signes est-elle universelle ?

Et non ! La Langue des Signes n’est pas une langue partagée par tous les citoyens sourds du monde.

Comme une langue orale, elle est indissociable d’une culture et d’un environnement. Elle n’a pas été créée, elle a toujours existé, comme il y a toujours eu des sourds depuis la nuit des temps. Elle a donc évolué en parallèle des langues orales, en fonction des hommes et de leur mode de vie.

langue des signes dans le monde

LANGUE ET CULTURE INDISSOCIABLES
Les hommes nomment et désignent ce qui les entoure, c’est ce qui fait que la langue évolue constamment, qu’apparaissent des néologismes, que tombent dans l’oubli certains mots… Il est donc bien vain de vouloir construire une Langue des Signes Universelle sachant qu’il y a des sourds dans tous les pays, toutes les communautés, toutes les ethnies et que leur représentation du monde est différente.

Pour ne prendre qu’un exemple, en France on ouvre les fenêtres en tirants les battants vers soi, alors qu’en Amérique on soulève le battant du bas. On parle du même mot [fenêtre] qui a pourtant diverses façons d’exister dans le monde et donc de se signer. On parle bien d’American Sign Language (ASL), de Langue des Signes Française (LSF), de Langue des Signes Belge (LSB), etc. Même à l’intérieur d’un pays, des différences existent, à la manière d’accents régionaux, de dialectes et de codes communautaires, comme une langue orale de ce fait.

 

UN TRAIT COMMUN AUX LANGUES DES SIGNES : L’ICONICITÉ
Pour autant, la Langue des Signes est une langue dite visuo-gestuelle. Dans sa structure même, elle est imagée (iconique comme on dit), si bien qu’il sera aisé pour deux sourds locuteurs de deux Langues des Signes différentes de se comprendre, passé un temps d’adaptation. Et cela reste vrai pour tous les degrés d’abstraction.

Pour ce faire la stratégie dominante est de délaisser les signes dits “standards” au profit des structures de grande iconicité. Il s’agit de donner à voir son discours, via des transferts de situation et de personnes en utilisant l’espace, l’expression du visage, le regard et la prise de rôle. C’est une stratégie narrative très utilisée pour mettre en scène un conte, une histoire drôle ou encore de la poésie. Au quotidien, l’iconicité apparaît également pour décrire un objet, une machine, un mécanisme, etc.

L’iconicité de la Langue des Signes peut-elle servir de support à une Langue des Signes Internationale ?

 

LA LANGUE DES SIGNES INTERNATIONALE EXISTE-T-ELLE ?
Dans une autre dimension, à l’occasion de congrès internationaux, les locuteurs de Langues des Signes différentes se retrouvent autour d’une Langue des Signes dite “internationale” (LSI). Bien que historiquement, elle ait fait l’objet de tentatives d’unification des Langues des Signes du monde, le bilan reste vain. Il s’agit ici d’un système qui assimile plusieurs Langues des Signes, qui privilégie les signes standards les plus iconiques et qui évolue constamment grâce à la mise en place de codes communs.

Cependant, certains signes, les plus courants ont fait l’objet d’un consensus et ont été adoptés et recueillis dans un dictionnaire, comme relevant de la LSI en 1975. En dehors de cela, la LSI n’a pas de structure stable et n’est donc pas une langue maternelle, elle n’est utilisée que dans un but pratique de communication ponctuelle, c’est pourquoi des études tendent à montrer qu’elle peut être caractérisée comme un pidgin, mais ne peut être considérée comme une langue à part entière.